coffin joe

en hommage à JOSE MOJICA MARINS--


Je cherchais un abri, un endroit pour la nuit.
Sur la route, j'apercois une lumiere.
J'approche et mise à part cette enseigne lumineuse rouge il n'y a rien.

BAR

Un bar où l'on goute des plaisirs degradés.
La, des femmes, des prostituées qui boivent et s'enivrent sans arret à en perdre la tête ou à la laisser sur un des divans poisseux.
Des hommes, mals rasés, montrent leurs dents jaunatres, pourriture de fumée, clopes, pipes et cigares.
Ils collent leurs bides aux femmes ivres et ils s'en vont dans les chambres pour baiser allegrement.
Au comptoir, une vieille edentée parle dans sa barbe vieille de plusieurs années.
Le barman est un jeunot, blanc comme la neige, blanc comme la mort.
Ses yeux noirs de sang froid sifflent comme des tetes coupées de viperes qui gigotent sur le sol en bavant.

"Une biere", je demande.

Il me sert un whisky.
En regardant derriere le comptoir je me rends compte qu'il n'y a que des vieilles bouteilles de whisky.
Dans une des bouteilles flotte une mouche.
J'ai l'impression qu'elle est encore vivante, car elle bat des ailes.
La mouche est saoule, elle baigne dans l'ivresse comme le clochard baigne dans son vomi.

"Dis m'sieu, t'aurais pas une p'tite piece hein?" me dit la vieille tout en suçant ses trois dents.
Je sors de ma poche quelques pieces et je les pose dans sa main.
Sa main est seche et ecaillée, j'ai l'impression que si elle la passait sur mon visage je serais defiguré.

La vieille se traine jusqu'au jukebox et met une piece dedans.
"Coffin Joe Song"

Tout le monde se met à osciller de la tete d'un mouvement quasi imperceptible.

"Un whisky"

"Un whisky"

"Un whisky"

Le temps parait un peu ralenti.
Je dois etre ivre.
C'est bizarre il fait noir.

J'entends des cris de femmes. Elles supplient. Des sifflements. Une berceuse.

J'ai la tete sur le comptoir en bois. Le vernis se decolle au fur et à mesure que je souleve ma tete.
J'entend les craquements du vernis sur mon visage.
J'ouvre les yeux avec difficulté.
Je me retourne et tout le monde est là. Il y a meme trois femmes et un homme en plus.
Je fouille mes poches et rien ne me manque.
Seul le barman a disparu.
A sa place il y a des serpents et des femmes mortes.

Je regarde par dessus la porte du bar, et le paysage a changé.
Le jour s'est levé. Il y a du monde dans la rue.

La porte s'ouvre devant moi et je vois un aigle velu qui nous survole en souriant aux passants perdus.



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